En 1957, Anatole Jakovsky publiait aux éditions des Quatre Jeudis « Paris mes puces ». Une description passionnante de ces marchés aux Puces des Portes de Paris, pleins d’imprévus, de découvertes et de poésie.
« Ainsi, c’est en automne qu’il faut aller à la Porte de Vanves. Vers la fin du mois de septembre qui finit déjà de jaunir et de rouiller les feuillages de ses deux allées – ces feuilles qui tombent à présent une à une et se mêlent aux chiffons – et où, entre les complets râpés et un tas de vieilles revues, gît parfois quelque belle faïence populaire ou un portrait d’ancêtre dans le plus avantageux accoutrement de son temps.
Mais, même ce paysage des Puces n’est pas éternel. Là où jusqu’à la fin de l’année 1954 il n’y avait que ces terrains vagues, séparant nettement Paris de Malakoff, se dressent maintenant des grues, des pylônes et des baraquements. Les bulldozers labourent et aplanissent les anciens campements des bohémiens….Dans un an, peut-être davantage, se dresseront ici de nouveaux immeubles du Plan Courant….
Déjà, un peu plus loin, dans la direction de la porte Brancion, les premiers gratte-ciel donnent à ce paysage resté à peu près tel quel depuis que le brave gabelou dit le Douanier Rousseau y appliquait les tarifs de l’octroi en jetant des coup d’œil amoureux sur ce qu’il allait peindre, tranquillement chez lui, le soir, un aspect vaguement américain. Et les Puces reculent, reculent toujours, s’amenuisent, perdent de leur superficie, de leur importance… C’est une loi. »
Anatole Jakovsky (1907 – 1988) écrivain et collectionneur d’œuvres d’art naïf s’installe à Paris en 1932, où il se lie avec la communauté artistique de Montparnasse.
Collectionneur curieux éclectique et visionnaire il sauvera de l’oubli une multitude d’objets insolites et poétiques.
Il achète aux Puces de Vanves à un brocanteur (Jean Fous), de petites peintures naïves.
Il a légué sa collection née d’un demi-siècle de recherches dans les marchés aux Puces à la ville de Nice. Le Musée International d’Art Naïf Anatole Jakovsky rassemble toiles, dessins, sculptures ou peintures sous verre, témoignages exclusifs de l’histoire de l’art naïf depuis le XVIIe siècle.
Le reste de ses collections est léguée par Renée Jakovsky-Frère, sa veuve, à la commune de Blainville-Crevon, non loin de Rouen.
L’association La Sirène fait revivre ce fonds
http://www.blainville-crevon.fr/lasirene/index.htm
Sacrée reine de Montparnasse, Youki, amie de Jakovsky s’était fait tatouer par Foujita sur la cuisse une sirène, en référence à la miniature de cire chère au poète surréaliste Robert Desnos.
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